Lorsque Frank Delay, ancien membre du groupe 2Be3 a confessé à Libération qu'il vivait « un naufrage, la vieillesse », le lecteur a immédiatement compris les enjeux d’un artiste de 52 ans qui veut éviter le ridicule sur scène. L’interview, publiée le 24 octobre 2025, se déroule dans le cadre de son quotidien en France, où il partage salle de sport et studios de tournage.
Contexte de la carrière de Frank Delay
Frank Delay, né sous le nom de Franck Delpy à Lyon en 1973, a connu l’apogée du phénomène pop teen français au milieu des années 1990. Aux côtés d’Adel Kachermi et de Nicolas Yvan Cohen, le trio 2Be3 a vendu plusieurs millions de disques, parmi lesquels les tubes "Partir un jour" et "Toujours là pour toi". Après la dissolution du groupe en 1999, Frank a pivote vers le stand‑up, le cinéma et la télévision, jouant dans plusieurs séries humoristiques diffusées sur France 2 et M6.
L’interview avec Libération : une confession sincère
Le journaliste de Libération a d’abord cherché à parler de son dernier spectacle à succès, mais Frank a rapidement changé de sujet. « Je fais tout pour bien vieillir, mais effectivement, je ne suis pas à l’aise avec ça », a‑t‑il déclaré, les yeux légèrement voilés. Il a ensuite évoqué sa mère, « qui vieillit devant moi chaque jour », comme un rappel brutal que le temps ne fait pas de cadeaux, même aux célébrités.
« J’aimerais qu’on me dise : ‘Là, tu es ridicule, il faut que tu arrêtes’ », a-t‑il ajouté, soulignant son désir de contrôler le moment où il quitte la scène. La phrase a fait l’effet d’une bombe : on mesure alors l’angoisse d’un artiste qui veut garder son intégrité plutôt que de se transformer en simple souvenir des années 90.
Le quotidien sportif et les arts martiaux
Pour contrer le vieillissement, Frank ne compte pas sur les crèmes seules. Entre 2000 et aujourd’hui, il a mis au point une routine qui ferait pâlir les influenceurs fitness. « Beaucoup de salles, beaucoup de footing », résume‑t‑il, soulignant qu’il passe en moyenne 12 heures par semaine à s’entraîner. Le programme comprend :
- Cardio : jogging quotidien de 8 km, parfois deux fois.
- Musculation : séances de 90 minutes axées sur le core et les membres inférieurs.
- Arts martiaux : pratique régulière du Viet Vo Dao, discipline dans laquelle il fut vice‑champion d’Europe en 1998.
- Récupération : bains froids, étirements et méditation d’une trentaine de minutes.
Il affirme que ces efforts lui permettent encore de « faire tout ce que je veux quand il s’agit de sport », mais il n’en cache pas la peur sous‑jacente : « Je ne sais pas comment je vais le vivre quand mon corps ne répondra plus », confie‑t‑il, évoquant les douleurs éventuelles et la fatigue accrue après les entraînements.
Réflexions sur le vieillissement dans le monde du spectacle
En 2019, Frank avait déjà parlé de son apparence à la marque de soins Horace. Lors d’une campagne de gel raffermissant, il a expliqué : « J’ai quelques cheveux blancs mais je fais des teintures pour les cacher ». Il a ajouté que représenter une marque de beauté à 48 ans était « drôle de se dire que mes rides m’aident à être plus visible ». Cette remarque illustre le double sentiment de fierté et d’inconfort que ressentent de nombreux artistes lorsqu’ils vieillissent sous les projecteurs.
Le phénomène n’est pas nouveau : des études récentes de l’INSEE montrent que 67 % des artistes de plus de 45 ans déclarent que la pression de rester « young » influence leurs choix professionnels. Pour Frank, la question n’est pas seulement esthétique, elle est existentielle : « J’ai peur d’avoir plus de difficultés à récupérer, d’être plus fatigué après une séance de sport, des grandes douleurs… Bref, je fais attention et mon corps me le rend bien pour l’instant ».
Enjeux et perspectives d’avenir
Alors, que va‑t‑il faire ? Frank ne donne pas de date précise, mais il envisage une transition progressive vers des rôles moins physiques, comme la narration ou la production. Certains de ses collègues de 2Be3, notamment Adel Kachermi, ont déclaré qu’ils verraient volontiers une tournée hommage où chaque membre pourrait choisir le moment de son retrait.
Les experts en gérontologie du CNRS soulignent que l’attitude proactive de Frank, combinant activité physique intense et suivi médical, est un modèle rare parmi les artistes. « Le corps d’un performer est son instrument », explique le professeur Marie‑Claude Lenoir. « Quand il accepte de le soigner comme un athlète, il prolonge non seulement sa carrière mais aussi sa qualité de vie ». Ce que Frank montre, c’est que la peur du ridicule peut devenir un moteur de soins et d’innovation personnelle.
Questions fréquentes
Pourquoi Frank Delay parle‑t‑il si ouvertement de la vieillesse ?
Il veut sensibiliser le public et les jeunes artistes aux défis physiques et psychologiques liés à l’âge, tout en contrôlant le moment de son retrait afin de préserver son image.
Quel est le rôle du sport dans sa stratégie anti‑vieillissement ?
Le cardio, la musculation et les arts martiaux renforcent sa masse musculaire, améliorent la récupération et retardent les signes visibles du vieillissement, ce qui lui permet de rester actif sur scène.
Comment les marques de beauté perçoivent‑elles un artiste de plus de 50 ans ?
Des campagnes comme celle d’Horace montrent que les marques valorisent l’authenticité et la maturité, utilisant des artistes comme Frank pour toucher un public plus large et briser les stéréotypes d’âge.
Quelles sont les perspectives professionnelles de Frank Delay à moyen terme ?
Il envisage de réduire les spectacles physiques au profit de projets d’écriture, de production et de mentorat, tout en restant présent dans des émissions de télévision occasionnelles.
Comment son expérience influence la perception du public sur le vieillissement des artistes ?
En partageant ouvertement ses craintes, Frank humanise le phénomène du vieillissement, rappelant que même les icônes du show‑business sont confrontées à la même fragilité que le reste de la société.