Le boulanger de 110 kg d'Uzès reçoit la médaille de l'Assemblée nationale

Cyril Cosmo, le boulanger de 110 kg propriétaire de la boulangerie Le Moutas à Uzès, vient de recevoir la médaille de l'Assemblée nationale pour avoir désarmé un homme armé d'un fusil dans son commerce. L'honneur lui a été remis samedi 5 juillet 2025 par Sylvie Josserand, députée du Rassemblement National pour la 6ᵉ circonscription du Gard, dans une cérémonie qui s'est tenue sur place, rue de la République. Le geste héroïque, filmé par les caméras de surveillance, avait fait le tour du monde après l'altercation du 10 mai dernier. Et ce, malgré le silence imposé par la gendarmerie pendant l'enquête.

Le face-à-face qui a tout changé

C'était un samedi ordinaire à Uzès, vers 15h30 le 10 mai 2025. Uzès, cette petite cité de 9 000 habitants dans le Gard, vivait au rythme habituel de son centre historique. Soudain, un jeune homme de 22 ans, visiblement sous l'emprise de l'alcool et de stupéfiants, s'en prend violemment à deux jeunes femmes devant Le Moutas, boulangerie située au 24 Rue de la République. « Il était en pétard comme on dit. L'alcool et la drogue faisont pas bon ménage avec les neurones », confiera plus tard Cosmo au Républicain. Sans hésiter, le boulanger intervient physiquement : « Je l'ai empoigné, je l'ai dégagé. »

Mais l'agresseur, furieux, revient trente minutes plus tard, cette fois armé d'un fusil. La caméra de surveillance capture l'instant où il pénètre dans la boulangerie encore ouverte, arme à la main. « On ne sait pas si l'arme est chargée », note Cosmo dans son témoignage. Le corps-à-corps est bref mais décisif : le boulanger désarme l'homme et le met dehors manu militari. Une réaction qu'il justifie par : « Il devait me fumer, me brûler le magasin. »

Quand le courage devient viral

Le vidéo, initialement gardée secrète « pour ne pas enrayer le travail de la Gendarmerie nationale », est publiée sur Facebook le 14 mai. Résultat : en trois semaines, elle explose sur TikTok avec plus de 127 pays touchés par le partage. « J'ai même eu des retours du Japon, de Dubaï, d'Amérique latine, de Québec », sourit Cosmo. Le pic d'audience ? Le 18 mai, où elle atteint la 3ᵉ place mondiale sur la plateforme. Et pour cause : les images montrent un courage rare face à un danger immédiat.

Les réactions affluent de partout. Des lettres, des appels, des emails déferlent sur la boulangerie. Les clients réguliers, évidemment, mais aussi des inconnus qui veulent remercier ce héros du quotidien. « C'était pas du cinéma, précise Cosmo. C'était un moment où il fallait agir. » Surtout que l'agresseur, un habitant d'Uzès, risquait clairement de causer des dégâts bien plus graves.

Une reconnaissance officielle attendue

56 jours exactement après l'incident, la députée Sylvie Josserand se présente à la boulangerie avec la médaille de l'Assemblée nationale. Une première dans l'histoire de cette ville du sud de la France. La citation officielle évoque « le courage exceptionnel » de Cosmo. « Ce geste mérite d'être honoré », déclare-t-elle devant une petite foule de curieux venus applaudir le boulanger. La remise de la médaille, créée en 1913, marque le 1 842ᵉ honneur décerné à un civil.

Le choix de Josserand, élue en 2022, n'est pas anodin. Elle représente la 6ᵉ circonscription du Gard, dont fait partie Uzès. Son initiative montre aussi comment les élus locaux s'emparent de ces faits de société pour renforcer leur lien avec les citoyens. « C'est une fierté pour tout le département », ajoute-t-elle en serrant la main de Cosmo. Lui, reste modeste : « J'aurais fait pareil pour n'importe qui. »

Les conséquences judiciaires en marche

L'agresseur, lui, n'échappera pas à la justice. Le Tribunal judiciaire de Nîmes doit l'examiner le 12 novembre prochain. Il est poursuivi pour menaces avec arme (Article 222-17 du Code pénal) et port d'arme illégal (Article 431-1). La vidéo sera évidemment un élément clé du dossier. En attendant, la Gendarmerie nationale, dont la brigade locale est basée au 1 Rue des Carmes à Uzès, a salué le calme et la rapidité de l'intervention du boulanger.

Le SIRET de la boulangerie (839 452 126 00018) confirme son existence légale depuis 2018. Avec ses sept employés, Le Moutas reste un repère incontournable pour les Uzétois. Et depuis l'incident, la file d'attente s'allonge chaque matin. « C'est pas du tout pour ça que j'ai agi », insiste Cosmo. Mais l'afflux de clients, c'est quand même pas mal.

Un symbole pour toute la France

Ce n'est pas qu'une histoire locale. Le geste de Cosmo interroge sur la place du courage civique aujourd'hui. « On a besoin de ces exemples », estime Jean-Marc Leclerc, professeur de sociologie à Montpellier. Dans un pays où les violences urbaines font régulièrement la une, ce boulanger rappelle que l'engagement individuel compte. Et surtout, il montre que l'acte de bravoure n'a pas besoin d'être spectaculaire pour mériter reconnaissance.

L'Assemblée nationale, par cette médaille, envoie un signal clair : les citoyens ordinaires qui agissent dans l'urgence méritent d'être mis à l'honneur. Reste à voir si d'autres initiatives similaires verront le jour. En attendant, Uzès a désormais son héros local. Et la boulangerie, elle, sent bon le pain frais chaque matin. Comme avant, mais avec un peu plus de fierté.

Foire aux questions

Pourquoi le boulanger n'a-t-il pas publié la vidéo immédiatement ?

Cyril Cosmo a décidé de ne pas diffuser les images avant la fin de l'enquête de la Gendarmerie nationale pour ne pas entraver le travail des enquêteurs. Il a publié la vidéo le 14 mai 2025, quatre jours après l'incident, affirmant vouloir « montrer la réaction disproportionnée » de l'agresseur. Cette attitude responsable a été saluée par les autorités judiciaires.

Quelles sont les conséquences judiciaires pour l'agresseur ?

Le jeune homme de 22 ans est poursuivi sous deux chefs d'accusation : menaces avec arme (Article 222-17 du Code pénal) et port d'arme illégal (Article 431-1). Son procès est prévu le 12 novembre 2025 au Tribunal judiciaire de Nîmes. Les peines maximales prévues sont respectivement trois ans de prison et un an d'emprisonnement.

Quel est le lien entre l'Assemblée nationale et cette médaille ?

La médaille de l'Assemblée nationale, créée en 1913, récompense des actes de courage civil depuis plus d'un siècle. Elle est décernée par les députés à titre individuel, comme l'a fait Sylvie Josserand. Avec 1 842 récipiendaires à ce jour, c'est une reconnaissance officielle rare qui valorise l'engagement citoyen hors des circuits militaires traditionnels.

Pourquoi cette histoire a-t-elle autant touché à l'international ?

La viralité s'explique par plusieurs facteurs : le contraste entre le calme de la petite ville française et la violence soudaine, la présence d'un héros ordinaire (un boulanger) face à l'adversité, et la diffusion simultanée sur TikTok. Des médias japonais, émiratis et canadiens ont relayé l'histoire, voyant en Cosmo un symbole universel de courage citoyen dans un contexte de méfiance grandissante envers les institutions.